Les absentes

Les odeurs manquent aussi. Là où l’image peut initier un son qu’on peut tenter d’inventer, elle ne peut, ne sait créer le moindre parfum.

J’ai encore la mémoire des odeurs des voyages passés. Je me souviens de celle, d’huile grasse, qu’on retrouvait souvent autour des Dinners US, qui venait jusqu’à la rue vous tirer vers l’assiette bien que ça sente le lourd. Une fois quand même et ça a été bien la seule, ça sentait un beurre diffusant partout, nous avions mangé tant que toute la nuit, personne n’a dormi.

Je me souviens ailleurs de l’odeur du bush australien, qui ne sentait que la terre dure, un très grand vide empli de rouge. Avant, il y avait eu l’haleine du Pacifique qui brossait les falaises, sur des plages inimaginables.

Il y a eu aussi le parfum fou de l’herbe rase sur laquelle nous marchions en Mongolie, en pleine averse — c’était un vrai enivrement, une fête, à croire que toute la nature se concentrait pour exploser.

Ici, je ne sens rien. Rien de l’ailleurs. La distance ne sent rien.

dbourrion Écrit par :

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